samedi, janvier 24, 2009

Ligne dure, des hommes mobilisés/Evènement et émotion/Systèmes performatifs et transports.

    Catalogue sfr janvier-mars 2009, en note : "le téléchargement nuit à la création artistique".

  1. Créer nécessite de l'argent ;
  2. Nécessité d'un formalisme de la diffusion ;
  3. Ignorance feinte des circuits de redistribution de l'argent, évidence capitaliste (ceux qui investissent le plus récupèrent proportionnellement le plus, logique de l'argent parfois vaguement contrebalancée par celle de l'image (investissement spectaculaire)).

  4. Ce genre de propos est typique d'un système performatif. C'est une affirmation qui lui permet de s'imposer.


    Elle ne tient pas rationnellement. Il suffit (il faut) y croire, la répéter. Sur le plan de la raison, elle apparaît de manière indécomposée : une image de surface.


    Jouer la critique et la raison contre l'apparaître d'une image en surface, c'est jouer deux systèmes de rapports à l'image, aux mots et à la conscience l'un contre l'autre.


    Au fond les réactions face à une telle phrase ne peuvent qu'être d'approbation ou de désapprobation, et chacune marque son camp. Recevoir cette phrase et y répondre, c'est être stigmatisé, il n'y a pas de dialogue possible ; on ne peut que la laisser en suspens : suspendre son apparaître.


    Ne se laisse pas décortiquer comme n'a aucune profondeur, elle n'ouvre sur rien. Seulement enregistrer ce genre de phrases, déjà, c'est l'approuver : c'est l'intégrer dans une représentation des choses. La suspendre, c'est la mettre en doute silencieusement ; en l'ôtant de ses effets (immédiats), on arrête et dévoile un temps le système qui passe clandestinement avec elle.


    Dans ce suspens d'autres phrases peuvent être trouvées, des choses s'agréger et construire un autre ensemble, d'autres désirs s'éveiller, d'autres forces se lever. Le martelage incessant sans suspens possible, par un réquisit du corps et de l'esprit de tous les instants, permet l'instauration d'un système performatif, qui s'installe d'abord sur l'écran des consciences, supprimant du reste tout ce qui ne relève pas en elles d'une seule surface immédiate. Dans une telle immédiateté et un tel manque de temps, la technique du retournement, bien enseignée par Nietzsche, peut être utile.


    La différence entre ces différentes façons de réagir face à l'image (toute tenue face à elle est déjà réaction, en ce sens que l'image est ce qui ne laisse pas indifférent, est formatif sans forcément être performatif) se relève dans l'affect. De prime abord les différences insurmontables sont des différences affectuelles. Stigmatisante les uns pour les autres, l'émotion est aussi vecteur d'incommunicabilité, sauf à éprouver la même ; comme ces japonais en réunion accordant leur souffle en leur début, il faudrait de même s'accorder l'émotion ; de là aussi le peur de la foule, et si le nazisme était une mascarade perçue comme telle par ses supporters mêmes, n'y en allait-il pas d'un désir et d'un plaisir de jouer une émotion collective(ment), à l'époque où l'on découvrait la foule prenant conscience d'elle-même, la mode populaire, la sécurité sociale, les vacances, la propagande de masse ?


    Cela demande beaucoup d'efforts et la faille d'un sourire pour aller chercher l'autre dans ses affects depuis un poste à ne pas déserter. Effectuer comme le mouvement d'un pli : rabattre l'autre sur une position choisie en l'emmenant par sa propre force suivant une rainure imposée. Cela demande aussi une distance vis-à-vis de son propre affect et de ses propres images, tout en étant bien plus ancré encore dans sa raison que si cette distance n'était pas.


    Par la saisie de l'affect et de la différence qu'il entraîne, une véritable herméneutique peut être menée afin de déconstruire l'autre. A n'en pas finir, tant l'évènement producteur des affects, dans ses résonnances de ceux-ci, ne se laisse pas réduire. La compréhension tourmentée du tourbillon que cela entraîne n'ouvre qu'à un "je ne sais pas" qui aimerait en finir en se prenant la tête, si celui qui comprend n'est pas en même temps un actif engagé dans un rapport tout en tournant autour de son axe (la rapport entre ce tournis et cette compréhension a-t-il à voir avec la ligne serpentine caractérisant chacun d'après Léonard de Vinci ? N'est-ce pas, du moins, ce qui fait que l'on apprécie quelqu'un ou pas (et ce qui caractérise aussi l'ennemi), dans le rapport de ce rapport avec le nôtre ?).


    Les systèmes performatifs valent comme évènements. Ils en appellent à nos affects et nous interpellent dans notre marche. Remettant en cause notre rapport à nous-mêmes, notre rapport à autrui, ils cisèlent autrement les lignes de partage. Entre la neutralité parfaite et le traumatisme aigu, des transports viennent s'occuper des humains, ils les empruntent pour passer à travers l'évènement, y survivre, continuer, et c'est encore à travers eux qu'ils mènent un rapport à eux-mêmes et aux autres. L'évènement retravaille ces transports, comme moyen terme entre une conservation (de soi, des autres pour soi, de tous les rapports en place au moins subjectivement) aussi innocente que têtue, et une tendance néantisante à "évider le vide" (Blanchot).


    Les transportés sont orientés vers des bornes payantes, priés d'obtempérer, et de trouver, on les leur fournit s'il le faut, les images et les affects nécessaires à leur obéissance. Cette manne servira à la "création artistique", permettant cet ordonnancement. Des ensembles, organisés par personne, s'occupe de tracer les frontières des sois et des groupes. La "création artistique", contemporaine de la décoration et autres arts d'ameublement, a pour charge dans ce contexte d'ambiancer cet état de fait, que structurent les entreprises, surveille l'Etat et protègent les polices.


    Une fois prochaine, peut-être : "Ligne douce, les autonhommes/Possibles et création/Autodéfinitions des transports, revisiter la formativité". Une autre fois encore, si je le veux, une sorte de synthèse, quand les deux lignes se rencontrent autour de l'objet.

jeudi, janvier 22, 2009

Nothing new under clouds

Des gamins de 13 ans n'ont jamais entendu parlé d'Hitler, la seconde guerre mondiale ne leur évoque rien, "nazi" n'est que l'un des multiples mots qui leur échappent et qu'ils ne notent même plus dans les discours ambiants, "juif" ne renvoie au mieux qu'à l'Etat militaro-théologique d'Israël.

De l'autre côté l'ambiguïté existe, cependant. Cette guerre sera-t-elle enfin rangée au rayon du passé quand on cessera de dire "ancien déporté à Auschwitz" ? Mais ces gamins n'en parleront même plus...

Pourtant,pourtant, si le pathétique cédait la place à la mémoire, si l'on cessait ce lyrisme sur le sujet des camps, qui ne touche pas tout le monde surtout au-delà des gens de bonne famille comme un affect qu'on se repasse de génération en génération (ah le poids des affects dans les différences culturelles, les ignorances et les incompréhensions !), l'évènement, ses significations et ses conséquences, pourraient peut-être être un peu mieux partagés...

Car franchement, qui peut croire en dehors de cet affect qui ne s'interroge pas, qu'il pourrait y avoir des déportés à Auschwitz actuels, nouveaux, futurs ?

L'équipe de France de football est ancienne championne du monde, comme Jelinek une ancienne prix Nobel et Giscard d'Estaing un ancien président. Mais Auschwitz, c'est du passé. Et ça en arrange certain de laisser planer l'idée que ce n'est peut-être pas fini, au moins quand on regarde par une fenêtre vide on ne voit pas ce qui passe à l'arrière de la maison. C'est comme d'occulter le caractère fondamentalement carnavalesque du nazisme, n'est-ce pas.

En plus Auschwitz c'est même pas fun, y'avait pas de soldes ni d'hamburgers (ahahah) et la mode était pérave.


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