jeudi, avril 24, 2008

Exposition d’art contemporain ‘‘Joseph Aloïs Schumpeter’’ à la (non-)galerie OUI

Ça me fait chier. Ça me gonfle. Ça m’emmerde.

C’est à peine métaphorique.

Je me dis c’est fait exprès. Une exposition ‘‘Schumpeter’’ « comme l’aurait faite un capitaine d’industrie amateur d’art contemporain ». Une ironie, un (dé)doublement critique. Dans l’expo, dans les œuvres et dans les lieux.

Seulement, l’ironie, elle cesse toujours quelque part. On ne sait jamais où, c’est tout son charme, et son danger.

Etait-ce prévu, cet ennui, ces effets contraires à ceux voulus pour les produits industriels (mais semblables à ceux du monde du travail) ? Ou bien l’ironie s’arrêtait-elle avant, se rangeant, comme toujours dans le domaine de l’art, du côté de l’argent, du sérieux productif, de la totalité quasi mythique objectale et effective, commerciale et symbolique, tout ce qui est ici ironisé ?

Est-ce voulu, ou est-ce un effet de cette ironie, de même que les objets de l’industrie généralement stressent, mobilisent, et font comme des étoiles qui nous tombent dessus, un enchantement plutôt qu’un emmerdement. A bien des égards, Delvoye est là une super référence. L’ironie qui pourrait toucher ses cloacas qu’il aimerait vendre chez Darty serait que personne ne les achète, comme aux premiers films vides de G. Lucas ont répondu des salles vides.

Ces effets font partie de l’exposition, qu’ils soient prévus ou qu’ils soient des ironies de l’ironie.

Cependant, parmi ce gentil troupeau d’étudiantes gentilles et nunuches, amènes et plates, aussi ennuyeuses que pleines de bonnes intentions, aussi inoffensives que pleines d’une puissance anti-subversive (subversive même !) par le sérieux de leur apathie, le sentiment d’être bien dans une industrie culturelle, un spectacle artistique, était le plus fort.

Sans même parler de l’air toujours bien informé, très à la mode, du maître des lieux, pas seulement dans cette façon très cynique de tout réduire à des signes, à commencer par autrui (on peut d’autant plus se permettre de se tromper lourdement sur autrui qu’on fait mine d’avoir bien conscience de son propre masque), à des signes qui sous un éventuel prétexte d’intégration réduisent toute chose et tout être à un objet-signe très déconsidéré, opération d’un gain de puissance spectaculaire, une puissance-signe, pour le cynique lui-même, dans une guerre d’apparences tout sourires à qui sera le plus bête, pour ne pas dire le plus merdique.

Le spectacle appelle le spectacle, la mobilisation la mobilisation. Je ne sais pas Schumpeter avant noté cela, qui fait que le capitalisme sans cesse se reproduit, cet aspect très performatif. Mais le spectacle ironisé, ou encore déconstruit, n’est plus qu’une bulle vide et se vidant de merde, un ennui adossé au spectacle lui-même, à sa mort encore sans deuil fait, un peu comme l’Attac du coin dans son esthétique de supermarché des années 80, dans lequel certes la marchandise apparaît désormais comme des denrées comptables et matérielles, mais en conservant le cadre de présentation spectaculaire, ou comme on dit les codes. Il y a dans ce genre de supermarchés quelque chose de pourri.


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