vendredi, avril 27, 2007

Rituel judiciaire

La justice fonctionne comme un rituel. Le jugement n'est pas seul à importer, de même que le comportement du prévenu (y compris ses aveux) : tout le déroulement compte, et tout ce qui y est dit.

Rituel afin de conjurer le sort, de faire sortir les démons. Rituel de guérison, d'une immunité retrouvée, à la fois celle du "corps social", c'est-à-dire de son imaginaire (qu'il soit symbolique, moral, politique, etc, selon le "corps social" en question), et à al fois celle des victimes.

Ce rituel judiciaire, c'est "l'irrationalisme à l'oeuvre dans cette institution particulièrement investie par la modernité et par le rationalisme.

On dirait que ça ne marche plus. Chacun des deux plaignants (le "corps social" et les victimes) doivent s'en remettre à d'autres instances. L'audio-visuel pour le premier, peut-être, et pour les secondes, peut-être aussi, les psys et tout ce qui peut permettre de produire une immunité, de la résoudre (en travaillant sur le discours lui-même ou pas).

Si ça ne marche pas ou plus, c'est que ce qui se résout à travers le rituel, ce n'est pas ou plus cet imaginaire du "corps social", mais également l'idée que les victimes se contenteront d'une sentence. A la place du "corps social", on a bien souvent un ordre politique ou la primauté d'un machinerie de réseaux sociaux ; parfois même l'imaginaire supposé du "corps social", dans les cas de procès extraordinaires expédiés rapidement (Outreau, par exemple) ; avec ceci, parfois il suffit d'intégrer, même à titre indicatif, une condamnation de ce qui est immoral, histoire de dire que.

Réforme de la justice ou son procès... Ou encore la venue au monde d'une nouvelle forme de rituel ; les psys comme l'audio-visuel, par leur forme à tendance unique qui intègre des contenus différents, peuvent à certains égards sembler être cette nouvelle forme, faisant régner comme un ordre technique, formel, structurel, à l'intérieur duquel les contenus seraient certes interchangeables, mais pas sans importance pourtant, comme si c'était à l'intérieur de ce cadre immune désormais que se jouaient les guerres, des guerres "soft" qui gardent les corps intacts, mais qui en jouant avec les "images", en en détruisant parfois, frapperaient bien au-delà de l'image elle-même ; en sorcellerie, la reconnaissance par tous du mal et de la représentation du pêcheur dans la poupée garantit l'effet "magique" de l'envoutement reposant sur la pensée par analogie et le principe de similitude...

Le "progrès" étant le lent cheminement qui consiste à ne plus "marquer les corps au fer rouge" (Nietzsche).


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