mardi, avril 10, 2007

Socialité des corps

Notre corps n'est pas un comme une image, d'abord mentale, ensuite visuelle, voudrait nous le faire croire, de l'image mentale à l'image mentale : l'image intériorisée, informant la matière même.
Notre corps n'est pas non plus une déformation de cette unité : pas une fragmentation, pas une segmentation, pas une atomisation.
Notre corps objectivé sert à un pouvoir objectivant, qui peut ainsi mieux prendre soin de nous. Mais pour nous-mêmes, sensoriellement et réflexivement, nous ne sommes pas ce corps, nous ne sommes pas l'image mentale qu'a le pouvoir objectivant de nous renvoyée à nous-mêmes à mentaliser, à intégrer jusqu'à information de la matière même. Nous ne sommes pas à expliquer, encore moins voulons-nous que l'on nous renvoie notre image expliquée (ce que font les programmes télévisuels : propagande).
Notre corps n'est jamais un, ou lorsqu'il l'est, c'est déjà autre chose. Notre "énergie", par exemple. Notre corps, c'est des bouts, des organes, que l'on peut oublier, qui peuvent nous rappeler, sur lesquels nous pouvons nous concentrer. Il ne s'agit pas de simples postures différentes du corps que des images photographiques pourraient rendre, c'est une réelle déformation, et le monde, pour qui habite ce corps, est chaque fois différent (pour ceux qui n'ont pas liquidé l'âme).
Dans l'écoute, on prête son oreille. A tel moment, mes pieds, que j'avais oublié pendant des jours, me réclament et je me mets à leur couper les ongles avec ceux de mes doigts. A tel autre, seul mon coeur existe. A tel autre encore, mon sexe. Chaque bout, chaque organe, nous ouvre à une réalité différente : le monde est différent, nous sommes différents, notre comportement est différent, nos pensées, nos productions, et notre image aussi.
On parle d'écouter de la musique, on parle d'angoisses, on parle de sexe. Autant de "déviances", autant de comportements à laisser dans l'ombre, au profit d'une image toujours semblable, posture de spectateur, de l'autre comme de soi-même, posture d'un spectateur finissant par ne plus que se regarder lui-même, en posture de spectateur, tout entier yeux et conscience.
La socialité c'est d'abord, en commun, être les mêmes organes, ou les échanger comme dans le cas de l'écoute ou du sexe, ou encore, comme dans la discussion, tour à tour échanger les mêmes organes.

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