dimanche, avril 01, 2007

30 ans de scandales télévisuels français (Télévision et démocratie)

Archive datant de 1987, retraçant une histoire du scandale à la téloch depuis l'époque gaullienne. Que le "scandale" (mot que l'on n'utilise du reste presque plus, sauf quand ce sont les mêmes qui le font et qui nomment leur action telle) soit l'angle d'attaque trouvé pour parler de l'histoire de la télé, de son évolution, est déjà toute une histoire : la télévision à la fois comme appareil d'Etat et comme reflet de la société, deux pôles entre lesquels les acteurs qui y ont défilé se sont situés, dans leur perception. La dernière séquence montre un présentateur qui indique le virage pris à cette époque (il fut d'ailleurs viré pour l'avoir dit) : la téloch comme contre-pouvoir, disent-ils outre-atlantique, soit l'indépendance des journalistes, des travailleurs et dirigeants de la téloch, ce qui signifie qu'ils se placent, concrètement, à la fois contre le pouvoir d'Etat, et à la fois en situation de monopole de pouvoir décisionnel quant à l'image de la société qui sera donnée. Là-dessus se pointent, dans ce nouveau rapport, les publicités commerciales, pour bien marquer que la téloch est quelque chose qui "parle à". De manière générale, et les journalistes et présentateurs formés dans ces boîtes le confirmeront largement, "la télévision" devient un sujet actif, et non plus un média ou un instrument. Mais déjà, cette histoire du scandale des années 50 à 1987 montre (en restant devant l'écran) sa dégradation en tant que personne morale, et permet de poser cette question toute bête : n'y a-t-il pas un lien nécessaire entre "le reflet de la société", et même "la société" elle-même, et la mainmise d'un pouvoir centralisé, n'est-ce pas celui-ci qui garantit celle-là, non pas sous le régime de la protection, mais bien sous celui de la pure et simple existence ? De plus, si la télévision, en tant que personne morale, pouvait être perçue comme la médiation entre ce pouvoir et cette société, ne l'étant plus, peut-elle encore être considérée comme une telle médiation, et ce pouvoir existe-t-il encore réellement, et cette société, ou, par exemple, n'entretient-elle pas fictivement ce schéma pour continuer à se justifier en tant que "fée du logis" et reflet de quelque chose ? "Libérée", devenue active, selon un schéma rendu populaire au cours des années 60 et 70 mais sans doute déjà à l'oeuvre depuis longtemps, par exemple, au sein de la presse écrite, est-elle (encore) un point de convergence démocratique, c'est-à-dire là où se mettent en scène les conflits politiques, puisqu'elle n'est plus une personne morale passive, un terrain neutre mais chargé de ces questions ? Et, si elle ne l'est plus, si, devenue entreprise active, elle n'est plus que la mise en scène de ceci, vers quel(s) lieu(x) a reflué le conflit démocratique, en supposant que la "libération" de toutes les personnes morales et physiques n'ait pas supprimé ce conflit, au sein d'un cadre, recélant le pouvoir ou non, autant impensé qu'incritiqué, pacifié et sécurisé ; ou, pour le dire autrement, comment tous les éléments compris dans ce cadre, si "postmodernes" soient-ils, aux "skins" si scandaleux et si "rebelles" soient-ils, tendent à le perpétuer ?...
On notera la dette à la "méthode scolaire" stigmatisée ci-dessous. Tout provient de cette archive, et l'on pourrait débattre longuement de You Tube et des blogs, de la danse et des concerts, du théâtre et des manifestations, du pouvoir devenu sans doute très relatif du président de la république et de l'action des lois, de l'idée de ce qui est révolutionnaire dans les écrits de Deleuze, d'art et de sexualité, de recherche personnelle... il semble que ce qui pose question puisse être exprimé ainsi : toutes les différence dans une forme semblable ; que toutes ces différences glorifient "la vie", la jouissance d'exister, l'autre, libère les imaginaires, voilà ce que propose Maffesoli, par exemple ; que cette forme repose en dernière analyse "seulement" dans la technique ou bien dans la culture, si même on ne se pose pas la question de savoir si une culture ne serait pas telle que par l'intermédiaire de techniques, voilà ce que souhaitait aborder Baudrillard. Une grande forme vide, mais solide, à l'intérieur de laquelle les conflits n'existent pas : utopie tant politique que culturelle dans laquelle nous flottons, comme de paisibles baigneurs ou de tristes zombies, finalement, qui que nous soyons, nostalgiques du pouvoir centralisé, nostalgiques du futur.
Pays déprimant au possible, calme et conformiste, assis sur son passé, confiant en son futur. Pays aplati après la chute des Eglises, puis le politique et la morale ; pays croulant sous son histoire, abattu par l'Etat, "le plus froid des monstres froids". "Ravages", de Barjavel : nous sommes les morts gardés sous verre, mais vivants ; la panne d'électricité, pour nous ? Les pays d'Etats corrompus sont plus vivants, plus joyeux et plus stimulants, la vie y a encore un sens, et pas que la vie ; mobydickés par bien plus qu'un pouvoir, l'enfermement et l'ennui sont la règle ; il y a tant à détruire et à connaître qu'on est mort quand il faut bâtir ; certains parlent de "la terre", la vérité est que nous culpabiliserions d'y planter ne serait-ce qu'un pieu...

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