mercredi, août 06, 2008

Quelle presse pour Chanel Rép' ?

Les icônes, les dieux contemporains, sont une petite fraction d’humains que la majorité connaît, de la plus grande adoration à l’indifférence la plus sincère, mais tout de même : la diffusion de leur nom, de leur image, opère. Comme pour les grecs, il est loin d’être dit que cette majorité de nos contemporains croit en ses dieux, au sens où les chrétiens croient à leur Dieu ou au Monstre Spaghetti…

Ce qui est scandaleux, c’est que la presse, usine à fictions, boîte à dieux de poche sur papier glace, dans son processus de création d’icônes, emprunte plus à la publicité qu’à la révélation, dans le double sens de dévoilement de la déité et de découverte de celle-ci : la déité comme modèle autant que chercher à voir ce qu’il y a derrière elle, et derrière son image.

Toute la presse de ce pays — et de tant d’autres —, devenu moins une république bananière qu’une Chanel Rép’, copine avec ses dieux, ses auteurs étant devenus des agents de l’Olympe, ses esclaves. Sur le moindre sujet les journalistes se contentent du dossier de presse, c’est un comble. Pour la moindre info, ils appellent les personnes concernées ; ils se défendraient même par un droit au respect de ces personnes ! Et avant toute publication, ils se mettent d’accord avec elles, sur la publication sinon sur son prix — une sorte de corruption, donc.

Le dommage, c’est que lorsqu’une nouvelle presse surgit, elle surenchérit dans le voyeurisme et le scandale, avant bientôt de se mettre au pas : voire Entrevue, Choc, Marianne (quand on pense qu’au début Marianne luttait contre la « pensée unique », c’est un comble !).

Quelle nouvelle presse pour une nouvelle altérité dans un pays dont le président n’est pas loin de venir dire tout sourire, « voyez français, chers subordonnés collaborateurs flexibles et dynamiques, je vais démanteler la télévision publique pour la donner à mes amis, qui sont bien gentils de m’inviter à leurs soirées, de me prêter leurs yachts et leurs châteaux, parce qu’ils sont mes amis et que je leur dois bien quelque chose en échange de leur indéfectible amitié ; et ça tombe bien la téloch les intéresse et elle n’appartient à personne, là ; ce n’est pas mélanger le public et le privé, attention : eux et moi nous sommes avant tout des personnes publiques ! »

Welcome on Chanel Rép’…

Quels mécènes pour une alter-presse ?

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Très intéressant... Il faut vraiment que je me replonge dans mon petit dossier. Cela dit, les machines à fabriquer des icônes ne fonctionnent plus que "moyennement" et n'influencent guère en profondeur. Qui prend cela au sérieux?

11:06 AM  
Blogger MuseAnt said...

Ou bien : les grecs croyaient-ils à leurs dieux (et à leurs mythes, donc) ?

D'ailleurs ça aide d'en observer des pense-t-on lus crédules, par rapport à notre propre croyance...

Mais toute croyance n'admet-elle pas une sorte de jeu ? Les paysans du bocage comme les lecteurs d'horoscope ou les lectrices de Gala sont les premiers à dire ne pas croire à tout ça, entre indifférence, rire, et un vague mépris.

Le portrait est né avec le christ et nous ne sommes plus au début de l'humanisme. Les icônes, humaines, trop humaines, ont quelque peu changé...

Bien sûr il y aussi les évènements, les thèmes qui accrochent, tout ça, et même la gloire de l'anonyme qu'avait saisie Warhol.

La question que je me pose porte sur les futurs médias plus que sur une analyse de tout cela ; ces remarques pouvant faire office de rapides prolégomènes à une future naissance.

Non parce qu'en dehors de la presse dont je parle, y'a pire encore, entre le pilipili (qui radicalise le magazine comme catalogue de désirs) et la presse que j'ai vu au Cambodge (un peu comme le pilipili, mais à visée informative, voyez...).

Et oui, replonge-toi vite dans ton petit dossier ;)

11:38 AM  

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